Bluesky fait de plus en plus parler de lui comme l’alternative décentralisée la plus sérieuse à X (Twitter). Pensé par Jack Dorsey, ce nouveau réseau social mise sur la transparence, la liberté et l’innovation. Mais qu’a-t-il réellement à offrir, et pourquoi séduit-il autant en 2025 ?
Qu’est-ce que Bluesky ?

Bluesky est un réseau social décentralisé lancé en version bêta en 2023. Il a été imaginé à l’origine comme une extension du projet Twitter (X) mais a évolué pour devenir une plateforme autonome, dotée de son propre fonctionnement, de ses propres algorithmes et d’une approche différente des réseaux sociaux classiques.
Ce projet est le fruit du travail d’une petite équipe indépendante, pilotée par Jay Graber, une développeuse expérimentée dans les systèmes distribués. Le réseau social Bluesky s’appuie sur le protocole AT (Authenticated Transfer Protocol), une technologie conçue pour favoriser l’interopérabilité, la portabilité des données et une modération ouverte à l’échelle mondiale.
L’objectif de Bluesky est simple. Créer un espace social ouvert et transparent, où les utilisateurs peuvent choisir les algorithmes qu’ils utilisent pour voir les contenus.
Une plateforme née du cerveau de Jack Dorsey
Bluesky n’est pas arrivé par hasard. Il s’agit à l’origine d’un projet lancé par Jack Dorsey, l’ancien PDG de Twitter (aujourd’hui X). En 2019, Dorsey avait annoncé sur Twitter le financement d’une équipe indépendante pour imaginer une architecture décentralisée des réseaux sociaux, avec l’idée que Twitter pourrait l’adopter.
Mais le temps a passé et le rachat de Twitter par Elon Musk, désormais propriétaire de X, a changé la donne. Jack Dorsey a donc continué à soutenir Bluesky comme projet indépendant, libéré des contraintes commerciales de l’entreprise mère.
À qui appartient Bluesky ?
Aujourd’hui, la société Bluesky Public Benefit LLC est autonome. Elle possède son propre nom de domaine, son conseil d’administration, ses développeurs, ses utilisateurs, et surtout une vision alternative aux plateformes sociales traditionnelles.
Comment fonctionne Bluesky ?
Bluesky fonctionne sur un principe différent des réseaux sociaux classiques. Contrairement à Twitter ou Facebook, où tout est centralisé, Bluesky repose sur un protocole appelé AT Protocol.
Ce protocole permet à chaque utilisateur de :
- Créer un compte lié à un nom de domaine (ex. votresite.fr)
- Choisir un fournisseur de services (hébergement, modération, algorithme)
- Utiliser plusieurs fils d’actualités personnalisables et interopérables
- Garder la propriété de ses données (posts, abonnements, interactions)
Autrement dit, le fonctionnement de Bluesky est basé sur l’indépendance et la modularité. Vous n’êtes pas enfermé dans un écosystème, vous êtes libre de migrer, d’adapter votre expérience et même de développer vos propres fonctionnalités via l’API ouverte.
C’est une approche comparable à celle du web classique, tout repose sur des standards et chacun peut bâtir ses propres outils autour d’eux.
Bluesky se distingue par une architecture décentralisée, c’est-à-dire que les utilisateurs peuvent choisir leur propre hébergeur, leur propre modérateur, et même leur propre manière d’afficher le fil d’actu. Tout cela repose sur le protocole AT, qui permet la création de multiples services compatibles.
Un système d’invitation contrôlé
Pendant longtemps, Bluesky a fonctionné via un système d’invitation. Les nouveaux utilisateurs devaient obtenir un code d’invitation pour s’inscrire, ce qui a suscité un certain engouement et une forme d’élitisme. Ce choix était voulu pour limiter les abus durant la phase bêta, avant d’ouvrir à plus grande échelle.
Aujourd’hui, le réseau est ouvert à tous, mais la phase d’expansion reste progressive pour assurer la stabilité de la plateforme et affiner les fonctionnalités.
Des fonctionnalités similaires mais différentes
Sur Bluesky, vous retrouverez :
- Un fil d’actualités personnalisable, appelé Feeds.
- Des messages privés entre comptes.
- Une limite de caractères similaire à celle de Twitter.
- Une « coche bleue » différente : elle ne signifie pas qu’un utilisateur est célèbre ou a payé, mais qu’il a vérifié son identité via son nom de domaine.
C’est d’ailleurs là un des éléments les plus novateurs. Les identifiants sur Bluesky sont des noms de domaine. Par exemple, un utilisateur peut se nommer « leo.astucial.fr », renforçant la portabilité de son profil et sa propriété numérique.
Application Bluesky : disponible sur mobile et web
L’application Bluesky est disponible sur iOS et Android. Son interface est épurée, intuitive et très proche dans son esprit de ce que proposait Twitter à ses débuts.
Vous pouvez également accéder à Bluesky via un navigateur web, en vous rendant sur bsky.app. Le design reste minimaliste, mais puissant. Tout est pensé pour favoriser la lisibilité, la rapidité de navigation et la personnalisation des flux.
Un système de « starter packs » est proposé aux nouveaux arrivants pour découvrir des comptes à suivre selon leurs intérêts (musique, technologie, culture, etc.).
Pourquoi utiliser Bluesky ?
Bluesky attire de plus en plus d’utilisateurs en quête d’alternatives aux grandes plateformes centralisées. Voici quelques raisons concrètes de l’adopter :
Un meilleur contrôle de vos données
Grâce à sa structure décentralisée, vous gardez le contrôle sur vos contenus, votre nom, vos relations. Vous pouvez même changer d’hébergeur sans perdre vos abonnés ni vos publications.
Des algorithmes transparents et personnalisables
Bluesky propose une approche radicalement différente des algorithmes : chaque utilisateur peut choisir ou développer ses propres flux (Feeds). Vous pouvez ainsi voir les publications dans l’ordre chronologique ou selon des critères personnalisés.
Les propres algorithmes de la plateforme sont ouverts et documentés, ce qui empêche la manipulation opaque des contenus.
Une modération communautaire
Ici, pas de modération imposée par l’entreprise. Les développeurs peuvent créer des outils de filtrage et les utilisateurs choisir la modération qui leur convient. C’est un système souple, mais qui demande aussi une certaine responsabilité de la part des usagers.
Bluesky est-il gratuit ?
Oui, Bluesky est entièrement gratuit à l’usage. Vous pouvez créer un compte, publier, lire, commenter, envoyer des messages privés ou rejoindre des flux sans aucun frais.
Contrairement à X (ex-Twitter), il n’y a aucun abonnement obligatoire pour obtenir des fonctionnalités de base. La fameuse coche bleue ne s’obtient pas via un abonnement payant, mais en liant votre compte à un nom de domaine que vous possédez (ce qui peut engendrer un coût symbolique si vous achetez un domaine).
À l’heure actuelle, la plateforme ne diffuse pas de publicités et aucun modèle économique contraignant n’a été imposé. Le financement provient majoritairement de subventions et du soutien de Jack Dorsey, dans une logique d’intérêt public.
À terme, certaines fonctionnalités premium ou services d’hébergement personnalisés pourraient apparaître, mais l’objectif affiché reste de préserver un accès libre et équitable à la plateforme.
Bluesky en français : la plateforme est-elle traduite ?
Bluesky est encore en cours d’adaptation linguistique. L’application n’est pas encore disponible en français intégralement, mais plusieurs éléments sont en voie de traduction.
Les premiers utilisateurs francophones ont commencé à former une communauté active, avec des comptes qui publient des contenus exclusivement en français, des fils d’actualité localisés et même des listes de comptes français à suivre.
L’écosystème francophone est encore jeune, mais il grandit rapidement grâce à des initiatives communautaires.
Bluesky et les influenceurs : un terrain encore vierge ?
Aujourd’hui, les grandes marques et les influenceurs ne sont pas encore présents sur la plateforme. Cela laisse place à une expression plus libre, plus authentique, mais cela pourrait évoluer rapidement si la plateforme continue à croître.
Des personnalités comme Jack Dorsey ou Jay Graber sont actives sur la plateforme, mais le marketing d’influence n’est pas encore structuré comme sur Instagram ou Threads. C’est donc une opportunité pour les pionniers, mais aussi une plateforme plus calme pour les utilisateurs lassés des réseaux saturés de publicités.
API et développement : une plateforme pensée pour les développeurs
L’API de Bluesky est déjà disponible, ouverte et documentée. Les développeurs peuvent créer :
- Des clients alternatifs
- Des outils de modération
- Des algorithmes personnalisés
- Des bots utiles ou créatifs
L’écosystème est encouragé à se développer selon une logique open source, avec une volonté de ne pas enfermer les utilisateurs dans une seule interface. C’est un terrain fertile pour les projets indépendants, à condition de bien comprendre le protocole AT.
Quelle est la différence entre Bluesky et X (ex-Twitter) ?

Même si la plateforme ressemble beaucoup à Twitter (X)au premier abord, les différences sont nombreuses. Voici un tableau comparatif pour bien comprendre :
Fonctionnalité | Bluesky | Twitter / X |
---|---|---|
Propriété | Société indépendante à but non lucratif | Propriété privée d’Elon Musk |
Modération | Choix multiple par l’utilisateur | Centralisée et contrôlée par X Corp |
Algorithmes | Personnalisables, transparents | Opaques, contrôlés par l’entreprise |
Coche bleue | Vérification via nom de domaine | Abonnement payant (Twitter Blue) |
API | Ouverte et documentée | Limité, restrictions commerciales |
Nom d’utilisateur | Lié à un nom de domaine (ex. votresite.fr) | Attribué par la plateforme (ex. @votrepseudo) |
Application mobile | Disponible iOS / Android | Disponible iOS / Android |
Publicité | Absente (pour l’instant) | Très présente |
La philosophie de Bluesky repose sur l’idée de redonner du pouvoir aux utilisateurs, aux développeurs et à la communauté.
Avis sur Bluesky : ce qu’en pensent les utilisateurs
✅ Points positifs :
- Interface fluide, sans publicité.
- Expérience de navigation agréable.
- Communauté bienveillante.
- Fort potentiel d’évolution.
❌ Inconvénients encore présents :
- Moins de « buzz » ou de viralité que sur X ou TikTok.
- Peu d’utilisateurs francophones à ce jour.
- Application encore en version bêta.
- Certaines fonctionnalités manquent (groupes, stories, etc.).
Statut actuel : où en est la plateforme ?
Bluesky a quitté sa phase d’invitation au début de 2024. Aujourd’hui, des centaines de milliers de comptes actifs sont enregistrés, principalement aux États-Unis, mais aussi en Europe et au Japon.
L’équipe travaille à :
- L’ouverture des inscriptions à plus grande échelle.
- L’amélioration des performances de l’application.
- L’internationalisation (traductions, fonctionnalités adaptées).
- Le développement de fonctionnalités supplémentaires, comme les messages privés enrichis, les vidéos ou encore l’intégration de Threads décentralisés.
Selon Jay Graber, Bluesky vise à s’imposer à long terme comme une alternative viable aux géants centralisés, et non comme un simple réseau « de niche ».
Quels sont les concurrents de Bluesky ?
Bluesky n’est pas le seul à vouloir transformer la manière dont nous communiquons en ligne. Voici quelques alternatives notables :
- Mastodon : fédéré via le protocole ActivityPub (le même que celui utilisé par Threads), très utilisé dans les milieux militants ou universitaires.
- Threads : lancé par Meta, mais toujours très centralisé malgré l’annonce d’une future compatibilité avec ActivityPub.
- Nostr : plus orienté crypto et Web3, avec une base très technique.
- X (ex-Twitter) : toujours dominant, mais de plus en plus critiqué pour sa gestion éditoriale, ses publicités omniprésentes et ses restrictions.
👉 Bluesky se positionne donc entre Mastodon (trop technique) et Threads (trop centralisé), avec une approche plus accessible, plus ouverte et résolument orientée vers l’avenir des réseaux sociaux.
Bluesky n’est pas une copie de Twitter. C’est une plateforme repensée de zéro, avec des choix techniques et philosophiques forts : décentralisation, ouverture, transparence.
Porté par une équipe engagée, soutenu à ses débuts par Jack Dorsey, et pensé pour une échelle mondiale, Bluesky a toutes les cartes en main pour réinventer notre manière de communiquer en ligne.
Alors que la confiance dans les grandes plateformes vacille, Bluesky propose une alternative saine, modulaire, et tournée vers les utilisateurs. Il ne reste plus qu’à voir si cette approche séduira le grand public mais une chose est sûre, le futur des réseaux sociaux pourrait bien s’écrire ici.
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